J'avais bien aimé avoir cette obligation là pour ma résidence au final et je crois que ça créer un espace de réflexion et de rencontre stimulant.
Espace qui sera investie pas des trucs dont je doute de la pertinence sur d'autres plateformes.
J'y viendrai moins souvent qu'avant, mais tout de même. Commençons avec deux essais sur ma démarche que j'ai du écrire pour deux cours à l'UQAR.
Le premier étant sur ma relation avec la nouvelle et le projet en prose Les femmes que j'aime ne font pas de bicyclette.
Écrire
comme une marche dans la toundra
Je
n'ai aucun talent pour faire des essais ou des réflexions critiques
sur ma démarche d'écriture.
Si
je pouvais, je nommerais seulement les auteurs que j'ai lu cette
session-ci et qui ont causé une grande remise en question chez moi.
Même que certains ont changé ma façon d'appréhender le monde.
Juste
pour les dernières semaines il y aurait : Raymond Carver, Marie
Andrée Gill, Robert Lepage, Kiev Renaud, Kateri Lemmens, Marguerite
Duras et Maurice Merleau Ponty.
Et cette liste n'est composée que de ceux qui m'ont marqué positivement, à ceux-ci devraient s'ajouter les livres que j'ai détestés, des films, de la musique et les conversations que j'ai eues.
Pour moi, une réflexion sur l’écriture, c'est de l'ordre du constat, du retour en arrière, du regard par dessus l'épaule pour voir ce que nous avons laissé derrière nous. Présentement, je ne suis pas dans cette position. Non, en ce moment, j'avance dans une tempête de grésil, de la poudreuse jusqu'aux genoux et une main sur le visage, pour me protéger.
Ce
que je laisse dans mon sillage, le vent s'empresse de l'effacer. Ça
ne sert à rien de me retourner, le paysage a déjà absorbé mon
point de départ. Mais je ne veux pas dire pour autant que ma
création, cette session, n'avait pas de point de départ, ça serait
mentir, mais il est devenu flou avec le temps.
J'avais
écris des textes trop longs et trop narratifs, à mes yeux, pour
être des poèmes. C'était pour moi des nouvelles ou du moins
l'idée que je m'en faisais. Seulement, quand je les ai soumises à
des revues et que ces textes ont été publiés, ils étaient
affichés sous l'enseigne de la poésie. Bien que cette assignation
me surprenait, je ne m'y suis pas attardé très longtemps, j'ai
simplement continué d'avancer et essayer de ne pas trop me perdre en
chemin.
Il
y a des gens plus prévoyants que moi, eux ils s'équipent
efficacement pour subvenir à leurs besoins. Pour reprendre la
métaphore de la tempête, c'est ce genre de personnes qui vont
penser à planter des balises et attacher une longue corde à leur
taille, pour retrouver leur chemin s'ils se perdent dans le blizzard.
Je
ne suis pas ce genre de personne. Moi, je tâtonne, m'aveugle et me
casse souvent la gueule.
Ce
qui dans le fond, me permet de rester humble, alerte et même
m'apprend à tomber d'une façon qui ne fait pas trop mal.
Mon
écriture est sauvage, indomptable et en fait un peu à sa tête.
Je
dois y consacrer du temps et de l'énergie pour ne pas que le monstre
m'envahisse.
Presque
au stade d'Hemingway qui rentrait dans son bureau en se protégeant
d'un tabouret et en criant : « calm down», mais plus
encore à celui de Desbiens :
Il
remonte à son roman
qui
l'attend comme une amante
il
sait
tout
écartillé et chaude sur
sa
table de travail.
Elle
est sous la lampe
et
elle se fait bronzée et belle
sa
fente de cahier
son
poil de page.
Il
ouvre la porte tranquillement pour la surprendre.
Elle
aime les surprises.1
Pour
moi, l'écriture n'a jamais été un but ou une volonté d'état
social. C'est seulement un outil pour arriver à dire ce que j'ai à
l'intérieur de ma tête. Je ne cherche pas à en vivre, ça me
rendrait fou.
Je ne peux pas m'imaginer dans mon appartement avec le seul projet de produire une œuvre de création. Je respecte beaucoup les gens qui y arrivent.
Je ne peux pas m'imaginer dans mon appartement avec le seul projet de produire une œuvre de création. Je respecte beaucoup les gens qui y arrivent.
Moi,
je sais que je ferais tout sauf écrire ou du moins ce ne serait
qu'une fois de temps en temps entre plusieurs films, bouffes et
sorties.
Que je sois devenu écrivain est arrivé un peu par accident.
Pour
combler ce que la photographie n'arrivait pas à faire je suppose.
J'ai
commencé par écrire des nouvelles, qui étaient très politisées,
dénonciatrices. Puis, la poésie engagée est arrivée, véritable
discours descriptif de ce qui m’apparaît comme les plus grands
troubles sociaux.
En
2012, après la grève, les manifestations et une dépression, il y a
eu chez moi un grand silence.
Une
étape encore que je n'arrive pas à expliquer.
Peut-être
parce que c'est de l'ordre des traces dans la neige.
Je sais cependant que l'étape suivante fut une intériorisation.
Si avant 2012 le principal sujet de mon écriture était la société, après, ce sont des sujets beaucoup plus personnels qui ont teinté mon écriture.
Les
femmes que j'aime ne font pas de bicyclette est
une pierre angulaire de ces projets plus intimes.
À
travers ma poésie et mon théâtre, ce projet de nouvelles illustre
des histoires de mon adolescence.
Des
souvenirs que j'ai oubliés en vieillissant, qui commencent à
remonter à la surface.
Par
exemple, le moment où, à la séparation de mes parents, j'ai dû
quitter la campagne pour une petite banlieue avec des terrains
clôturés ou bien les longs après-midis que mes amis et moi
passions dans les rues à faire les 400 coups.
Aussi,
ma première blonde, plus vieille et dégourdie qui me faisait
découvrir des films vraiment étranges dans le sous-sol chez ses
parents, ou encore une autre plus tard, déjà en appartement, qui
savait cuisiner, faire l'épicerie, s'occuper pendants les longues
journées sans école.
Donc,
ce retour vers ma mythologie intérieure (comme la nomme Lise
Vaillancourt) m'a fait me questionner sur les gens et les situations
qui ont traversé ma vie.
Avec
ce projet, je ne voulais pas tomber dans l'autofiction, ce sont des
mondes et des histoires qui sont inspirés de ma vie, mais ne sont
jamais arrivés.
Il
n'y a pas eu de Folles aux quatre robes ou bien ma première copine
ne fumait pas, c'est ma vision qui a teinté la réalité.
C'est
important pour moi d'écrire des textes qui sont réalistes et donc
peuvent être vécus.
L'emploi
du présent et d'une narration descriptive et intradiégétique est
une démarche importante pour moi. Je veux pouvoir toucher les
souvenirs ou les fantasmes de mes lecteurs, qu'ils s'imaginent être
les personnages .
Ce
qui serait beaucoup plus difficile avec un récit au passé simple.
En
soit, ce que je recherche avec mon projet de création Les
femmes que j'aime ne font pas de bicyclettes,
c'est de toucher le plus de gens avec un langage simple, mais qui
demeure très poétique et accessoirement rendre encore plus floue la
ligne entre la poésie narrative et la nouvelle.
1 P.Desbiens,
La fissure de la fiction, p.171
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