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Photographie de Hugo Latour

dimanche 30 avril 2017

national poetry month 2017




Again. Le national poetry month recommençait le premier avril 2017.
Un poème par jour tous les jours d'avril.
Vous retrouverez ici tous les poèmes de mon mois.
J'ai essayé de travailler mon manuscrit de mémoire, mes titres et de moins parler de peines amoureuses cette année. C'est pas toujours réussi et vous pourrez deux essais que j'ai finalement supprimés au cours du processus. Soyez seulement conscient que si, un jour, j'avais une bonne réception pour un poème le lendemain j'essayais un peu de me saboter; pour ne pas vivre la pression et l'angoisse qui va avec; je m'attarderai sur ce point dans un essai si j'ai le temps plus tard. 

Bonne lecture


poème no 01:
l'armure de mon corps finira par rouiller
-
écrire des poèmes
pour s'excuser du reste
d'être là
grave
sombre
patient dans le sabotage

avec de la brutalité
entre les doigts

creuser en publique
pour salir son linge
et enterrer la hache

les meilleures guerres
sont celles que nous avons perdues
mais dont je reviens vivant

poème no 02: 

la viande du foie goûte le congélateur partie 1.
-
avril cuit
dans la friture
de ses poumons


il est allergique
à la sueur
au grand nord
au son de sa voix

et ne sait plus cuisiner
autre chose qu'une bière flatte


poème no 03

les fenêtres d'avril ne s'ouvrent que les jours impairs
-
tu as des retailles de vent
plein la robe
ça s'agence bien
au conifère de tes yeux

le printemps prend du retard cette année
nous devrons attendre
avant d’éplucher la literie

poème no 04 

repeindre les murs avec de la suie
_
je tousse de la fumé
qui ne m'appartient déjà plus
c'est un cadeau pour la hotte du four
c'est une rançon contre mon souper

je brûle mon lunch par les deux bouts
ma semaine est un tas de cendre
dans une nuit blanche comme un couteau

je suis un piètre cuisiner
mais je sais éteindre la farine

poème no. 05:

la viande du foie goûte le congélateur partie 2.
-
il fait des migraines
avant 15h
fatigue entre les siestes
perd patiente contre son linge 


l’asphyxie teinte ses cuisses
noie ses os
son sang goute le sirop à l'orange

agoniser dans son corps
n’est pas philosophique


poème no 06

les métrologues font de la médisance
-
ajoute une buche
sous ma peau

j'ai un concerto
qui me détrempe
de bord en bord

laisse moi
prendre
une douche
dans tes cheveux

pour que mes épaules
ne claquent plus des dents

poème no 07 

les grecs ont inventé le sport
-
agglutinés au vestiaire
des adolescents
se comparent
le ´tit-freud


poème no 08 

la viande du foie goûte le congélateur partie 2.
-
son sexe
est taché
de fatigue


du whisky
plein les larmes

demain
il prendra le temps
de faire
un coma éthylique

poème no 09 

faire ses étirements
-
j'ai le souffle court
et de l'acide lactique
dans les poèmes


il n'y a rien à faire
mes métaphores
sonnent creuses

quand on allume
la lumière

poème no 10

la littérature française n'est pas un fromage d'ici
-
si j'avais un chien
je le nommerais
michel houellebecq

il serait castré
dès la troisième semaine

poème no 11

le bois de grève sent l'assouplisseur
-
laisse moi
me coller contre le calcium de tes os

ça dort mieux
quand la laveuse fait du bruit


poème no 12

le travail que tu fais se voit à la couleur de tes yeux
-
ce soir
le métro a prit son temps
il doit être fatigué
de sa semaine

dans verdun
il pleut du jack daniel's
après 11h

ça fait des pelures d'oignons
sur mon manteau

j'ai apporté
juste assez de livres
pour faire une nuit blanche

poème no 13

les prophéties s'écrivent en lettres capitales
_
remonter la route
un kilomètre à la fois
et croiser toujours le même
décors de restauration rapide

et dans chaque tim hortons
lire toujours le même journal
avec différents noms
et apprendre toujours
la même nouvelle
la même nouvelle
que criait le gars
à la station de métro
juste avant que je parte

Jésus is back
et il vient dans votre région
achetez votre t-shirt de tournée

poème no.14

manifeste pour la dérive des saisons
-
1.
garder
la dernière neige
sous sa langue
2.
faire son lit
en pointe de tarte
3.
échanger le sud
contre le nord
4.
ouvrir ses bras
aux quatre vents
5.
sécher son linge
les nuits de pleine lune
6.
se tromper
dans la proportion
des douches chaudes
7.
boire sa bière
les yeux fermés
8.
trapper
l'odeur
des feuilles mortes
9.
attendre ¨
que les pommes
deviennent des croustades
10.
recommencer
sa journée
du lendemain

poème no. 15 

la viande du foie goûte le congélateur partie 3
-
il a une veilleuse
dans la poitrine
c'est pratique
pour les nuits froides 


quand il saigne
ça fait du soleil
mais il est hémophile
alors le printemps
arrive toujours trop vite

c'est comme ça
des fois on gagne
alors qu'on voulait
même pas jouer


poème no. 16 

la posologie d'une salle d'attente est plus longue qu'ailleurs
-
1.
à 5h du matin
l'urgence sommeille
les tic-tac d'horloge
ne veulent pas déranger
le téléjournal
c'est long
comme un cours de philo
je prends le temps
de me connaître moi-même

2.
le médecin qui n'arrive pas
demande à une chaise
de confisquer mon pantalon

je m'assois sur une
feuille morte
et développe
de nouvelles façons d'avoir froid

3.
j'entends les infirmières
qui vont en pause

j'aimerais leur dire :
attendez moi, j'dois juste payer mon parking

poème no. 17 

le silence des titres est encombrant
-
gratte
la poussière
de ma peau 


dessous
il y a un temple
pour les jours sobres

j'ai confiance en personne
ni même en l'hiver

c'est comme ça
je viens d'une famille
où les gens font des réserves

poème no. 18

ma fin de session c'est une liqueur flatte
-
la fatigue squat
mon divan
c'est pratique
maintenant
on est deux pour jouer
à super mario bross world
on peut s'échanger des vies

poème no 19 

il n'y a rien de japonais dans le saint laurent.
-
le café suinte à
chaque centimètre carré
sur mes dents
-
mes biceps sont
deux gros jambons fumés
un dimanche de carême

poème no. 20

autodafé ordinaire
_
mes gencives goutent
la térébenthine
c'est toujours dangereux
quand je french
sur la place publique
quand je me brosse les dents aussi
mais je le fais moins souvent

le gouvernement a mis
mon hygiène sur la blacklist
des aéroports

la térébenthine
me cause du tartre
mais j'ai pas de caries

c'est toujours l'un ou l'autre
quand on parle de gaz

poème no 20 alternatif mes gencives
goutent la térébantine
je me brosse les dents
en cachette sur la place publique

pour ne pas bousculer
l'hygiène du monde

poème no 21

variations autour d'un électro ménager
-
a)
ajuste mes tablettes à ta hauteur
b)
je contiens toutes tes angoisses pour la semaines
c)
la péremption des condiments est une question de point de vue
d)
mon back à légume est polyphonique
e)
j'en n'ai rien à faire du sexe des tomates

poème no.22 

les bancs de neige prennent leurs vacances au bas saint-laurent
_
l'eau n'est pas potable ici
il faut écrire un poème sur chaque bouteille

les miens parlent tous
de la chaleur qui s'échancre sur ton dos

ça ne fait pas revenir tes jambes
belles et longue comme l'hiver au mois de mars

on habite à deux rues de la mer
mais la plage nous a suivi
jusque dans notre chambre

poème no. 22 alternatif 

le frima s'échancre
sur ta peau
ça te fait de belles et longues jambes

on dirait presque l'hiver



poème no. 23

le poivre est un plat qui se mange froid
-
tu me pointes du doigt
c'est du conditionnel
je pense à tous ces poètes
déplumés par les impôts

moi aussi
je suis trop pauvre
pour acheter des fleurs

poème no.24

je sors tous soirs, pour avoir un alibis au cas où il arriverait quelque chose d'important.
-
il n'y a plus personne au bar
seulement des poèmes qui se préparent à partir
je voudrais qu'ils s’assoient à notre table
mais ma bouche sonne
comme un carambolage 


tu dis :
ce n'est pas grave
j'ai encore
des comprimés d'ambulances
dans mon sac

ils sont rouges et blancs
et goûtent la petite monnaie

poème no.25 

la littérature ne va pas en tir de barrage
ou
des fois on aurait aimé n'avoir jamais lu les poèmes des autres avant de les écrire.



















poème no. 26

les ornithologues ne savent pas consoler les oiseaux
-
je ne sais pas tenir une conversation
je veux juste te faire rire

parce que ton sourire est une envolée
d'outardes
partie pour trois mois

on m'a enseigner à ne pas pleurer
quand le ciel est plein

poème no 27

si tu ne connais pas le truc c'est surement de la magie
-
quand je lève les bras
des taxis apparaissent
au coin de la rue

poème no 28

il n'y a pas d'escalier de secours quand on habite dans notre tête
-
j'attends que ça passe
l'envie d'alcool
la bruine
la fatigue
le frette

des fois
il faut se casser les os
pour écrire des poèmes

c'est le prix à payer
pour accorder
ses verbes

poème no. 29 

les arbres parlent dans mon dos pour rire de mes doigts croches.
_
nous avons brûlé la vaisselle sale
pour nous révolter
contre le ménage du printemps

ça sent le crisco
et l'essence
dans nos boites de carton


nous ne gardons rien
de toute façon
nous habitons trop loin
pour cumuler les souvenirs

poème no. 30 

l'armure de mon corps a fini par rouiller
-
j'ai creusé une rivière
dans ma poitrine

pour les poèmes
que je ne lirai jamais

les miens
mais surtout ceux des autres

ils se reposent
les vêtements alourdis
par l'eau
rejoignent tranquillement les roches
au fond du lit

ils ont l'air bien

on m'a dit que c'était toujours plus confortable
après la fonte des glaces.

-rappel- 

instructions à l'intention de ceux et celles qui manquent de vitamines durant les journées grises
-
1. manger des fruits
2. sucrer sa peau
3. avoir une douche
4. la partager
5. se laver mutuellement le dos
6. manquer d'eau chaude
7. trouver une autre façon de se réchauffer