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Photographie de Hugo Latour

vendredi 6 mai 2016

napomo 2016



Jour 1
la colere au fond du ventrequi remonte ma gorge
dans un crissement de pneus 

Jour 2
au service à la clientèle
entre deux tunes de slow jazz
la dame dit:

"vas-y mon coeur"
pendant une seconde
je me demande
si elle s'adresse à moi
ou à une machine.

jour 3
le surveillant
qui reve d'etre gardien
qui reve d'etre police
qui rêve d'être Claude Legault
dans le téléroman de sa mère
trépigne
exulte
retiens son souffle
pour que je remette le recueil
d'
Élise sur sa tablette
d'ecole secondaire
comme si c'était de la junk food
une arme blanche
ou quelque chose
d'infiniment
moins

dangereux 

Jour 4
l'hiver
c'est levé en retard
a coupé le prof
en rentrant dans classe
a dérangé tout le monde
avec son facebook.

jour 5 
au concert d'Iron Maiden
un gars attends 45 minutes
pour un autographe 

sur son c.d gravé.

Jour 6.
y'annonce
parisien jusque dans sa voix
que mettre vingts heures
ou vingt fois une heure
sur des poèmes
c'est
la
même
chose.
soudainement
je me demande
que je vais faire
de ma vie
quand
j'atteindrai 

25 ans

jour 7
ta bouche
est une tisane
contre mon insomnie

jour 8
"y'a pas un problème
de photocopieuse
qu'un marteau
ne peut pas régler"
me dit la bibliothécaire 

jour 9
assis au bar
Maurice devenu sobre
sirote son verre d'eau
comme une double IPA

Jour 10
entre le dep et l'appart
la lune est en phase dreamworks
manque plus que
le petit bonhomme
à canne à pêche
il doit être
en fin de session

Jour 11
se plier le corps
dans une enveloppe
pour échapper 

à la fatigue


Jour 12
retourner
à la simple
émotion


jour 13
tu prends la pause
impassible
et désirable
sur ton tapis roulant


jour 13 b
il fait un temps
de baseball

jour 14
En ton absence
Je dois me rabattre
sur les dépanneurs
jusqu'au moment
où mes os
commencerons à cailler

jour 15.
se réveiller
à 16h
le corps encore pogné
dans les plis de draps
du temps

napomo jour 16 




















jour 17
et le soleil se levait
avec juste assez de douceur

pour éclairer le lit
de cette façon
je savais où enlacer ton corps
sans avoir à te réveiller

Jour 18
C'est le genre de jour
Ou tu t'sens pas bien
Meme s'y fait beau
Comme un relent d'hiver
Pis de malêtre une dernière shot
Le genre de journée
Ou tes t-shirts sont trop p'tits
Que tes jeans sont trop louces
Pis que tu pognes une roche dans ton soulier.
T'as juste envie de t'recouher
Mais ca passera pas
Ca fait deja trois jours que tu traines ta peau
Pis l'envie de vomir après chaque escalier
C'est pas la faute du monde
Eux sont beaux
Sont lumineux
T'as envie de les attendre pour leur ouvrir la porte
les laisser passer
Devant toé
Bouclier humain contre la morosité de ta vie.

jour 19
boire du jus d'orange
en pensant très fort
que c'est du café

jour 20
Elle se tient là, entre ma table et la caisse.
Dans un angle qui m'empêche de voir ses yeux.
Il y a quelque chose chez elle, qui a interrompue ma lecture.
Peut-être sa voix, douce et autoritaire.
Maintenant, elle fait des allez-retour entre le frigo de service et l'employé qui retouche sa commande.
Ses longs cheveux blonds se balancent et cachent son visage.
Quelques fois, la percée d'une oreille, mais rien de plus.
J'hésite entre terminer mon chapitre et connaître la fin.

jour 21
le plus grand drame
de la littérature québécoise
c'est d'avoir fait du mot aurore
le nom d'un personnage

Jour 22
au travers la fenêtre
mon voisin
à la retraite depuis 20 ans
qui lit son journal
avant d'aller travailler

jour 23
Freddie Mercury
c'est le toréador mythique
qu' Hemingway
a cherché toute sa vie.

Jour 23 b
avec la chaleur
le retour du chant
des voisins saouls

Jour 24
y'a des jours comme ca
une partie de ta vie
te ferme dans face
quand le téléphone
se met à sonner
y'a deja une petite fin
qui se dessine en back ground
comme une nuit d'orage
"Ton chat passera pas la journée"
Pis toé
tu ravales
tu replies
T'as un examen demain

Jour 25
au lotus,
les deux serveuses
sont tatouées
au même endroit
de la poitrine
ce doit être
un pre requis
faire la différence
entre hôtesse
et boss girl

Jour 26
ca prends
du courage
de la patiente
et une grande connaissance
de soi
pour trouver
sa chaise de lecture
dans une nouvelle bibliothèque

Jour 27
j'ai fais un poème
avec les livres
que t'as oublies
chez moi
ça ressemble à
une lettre d'amour sensible
parce que je ne l'ai pas ecrite

Jour 28
se rendre à l'évidence
qu'entre rimouski
et sherbrooke
la seule personne
que l'on rencontre
est notre reflet
dans le miroir
toujours sale
des gares routières

Jour 29
après la révolution
il faudra desserrer le poing
pour écrire des poèmes

Jour 30 : le dernier
et se rendre compte
que nos textes ne sont
que de la périte.


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